Ma démarche

J’utilise essentiellement la peinture à l’huile depuis les années 1990 (cf. ma biographie). Je la mélange à différentes matières, au gré de mes envies. J’effectue également des dessins mais plus rarement.

Mes influences sont plurielles. Les plus importantes se situent autour de la première partie du 20ème siècle avec Picasso, Bacon, Chagall, Kandinsky, les surréalistes et les expressionnistes allemands mais également Picabia ou Masson. Par ailleurs, je ne me lasse pas de revisiter le travail de Van Gogh, Goya, Rembrandt, Courbet ou Vermeer, entre autres. Des artistes plus contemporains tels que Zoran Music, Zao Wou KI, Richter ou Kiefer me transportent ou me bouleversent.
Naviguant entre figuration libre, expressionnisme, surréalisme et art brut, mes tableaux et dessins invitent à l’exploration de notre part d’étrangeté, un voyage depuis mon intériorité vers l’intériorité de l’autre.

La peinture me permet de m’exprimer bien au-delà des mots pour faire résonner les maux, les miens et ceux des autres.

Gilles Deleuze, dans son livre dédié à Francis Bacon « Logique de la sensation », explique « qu’il y a deux manières de dépasser la figuration (c’est à dire à la fois l’illustratif et le narratif): ou bien vers la forme abstraite, ou bien vers la figure. Cette voie de la Figure, Cézanne lui donne un nom simple : la sensation. Autrement dit, « la sensation, c’est ce qui est peint. Ce qui est peint dans le tableau, c’est le corps, non pas en tant qu’il est représenté comme objet, mais en tant qu’il est vécu comme éprouvant telle sensation. »

En référence à cette pensée, ma peinture puise dans le tumulte quotidien où l’humain prend la plupart du temps toute la place et toute sa place. Ses facettes sont multiples mais je privilégie le ressenti et la mémoire du corps qui s’en dégage.
J’utilise les personnages que je crée pour les malaxer, les triturer, les rendre vivants ou morts en référence à des figures réelles ou imaginaires et à des situations vécues ou non qui peuplent mon inconscient.
J’aime travailler le corps humain à travers ses aspects formels, sa matérialité, sa densité, ses courbes modulables à l’infini, sa sensualité que je travaille tantôt avec peu de matière, tantôt avec plus. La matière plus ou moins dense que je malaxe, gratte, triture, jette, expérimente, peut être quasi charnelle ou bien prétexte au surgissement d’un corps propre.
La forme picturale est également essentielle car elle représente un mode d’expression du corps lié aux éprouvés corporels que je revisite lors de chaque création.
La couleur joue un rôle majeur dans mes tableaux car elle me permet un jeu de miroir ou un détournement du sens de la composition. « La lumière, c’est le temps, mais l’espace c’est la couleur » nous dit encore Gilles Deleuze.
Et Jean Bazaine de dire : « … Je ne pose jamais deux tons sans penser espace et lumière qui sont les deux choses fondamentales de la peinture … Il faut avoir quelque chose contre quoi lutter. Quelquefois je me lance dans une toile, sachant très bien que ce ne sera pas ça, de façon à avoir une négation contre laquelle je lutte.»

Je ne travaille pas à partir d’un concept sociologique, politique ou social mais je peux l’utiliser pour créer un univers ou une bribe d’histoire qui va me permettre d’élaborer une composition picturale issue de cette élaboration fantasmatique plus ou moins codée ou révélée. Sans prétention, je partage la pensée d’Anselm Kiefer quand il énonce que les théories démontrent notre ignorance. Je le cite: « J’ai l’impression que le progrès avance à côté de nous.Tout le progrès scientifique et technologique me rappelle sans cesse mon imperfection et mon ignorance… , à quel point je suis inhumain, à quel point les hommes sont inhumains. »
Je peins aussi pour tenter de retrouver et me relier à l’Humanité que nous portons en nous. Elle est si souvent bafouée et nous la bafouons nous-mêmes.
On dit qu’à travers son écriture le poète crée son monde. Mais n’est-ce pas aussi lui-même qu’il crée, tel qu’il est ou tel qu’il voudrait être ? Tout comme le peintre ?
Je partage avec Michel Ledoux, psychanalyste, l’idée que « le peintre répond au désir nostalgique que nous portons toujours au fond de nous-mêmes: celui de reprendre depuis son origine notre propre création. Trouver ou retrouver son soi profond, n’est-ce pas pour chacun de nous une tâche essentielle, vitale même ? ».
A la question de M. Ledoux qui prolonge la précédente: « Diriez-vous au bout du compte que ce que vous exprimez , que ce que vous créez, c’est vous-même ? », Jean Bazaine répond par cette formule: « Je crois que c’est moi-même tel que je l’ignore. C’est ce que vous appelez l’inconscient ou le subconscient, je ne sais pas. »

C’est en partie pour cela que quand je peins, je ne sais pas où je vais, tout comme Jean Bazaine et beaucoup d’autres peintres, sculpteurs, photographes, cinéastes, etc…
Cependant, lorsque je crée, je me sens vivante et j’existe dans l’ici et maintenant. Mon désir de vivre s’inscrit dans la rencontre conjointe de l’humain, de l’esthétique et de la matière.


Mado


 
Copyright Photo : Serena Porcher-Carli

Copyright Photo : Serena Porcher-Carli

Pour toute demande de prix ou de proposition, merci de me contacter à l’adresse mail suivante : madopeintre@yahoo.fr